Le Forum Politique de Haut Niveau des Nations Unies sur les Objectifs de Développement Durable a été lancé en 2012 pour promouvoir la mise en œuvre des ODD et de l’Agenda 2030. Il se réunit à New York tous les mois de juillet pour examiner les ODD spécifiques qui ont été prévus pour une évaluation.

Toutefois, le processus annuel est beaucoup plus complexe qu’il ne le paraît à première vue. Cet article décrit brièvement certaines parties du processus auxquelles RIPESS et URGENCI ont participé. Le processus comprend certaines possibilités pour les organisations de la société civile et les OSC et les ONG d’interagir avec les processus étatiques.

Au printemps, une première opportunité d’interactions se présente en contribuant à divers documents qui seront soumis ensuite à discussion et qui contribueront à la rédaction de la Déclaration Ministérielle. Cela se fait à travers des différents grands groupes “UN Major Groups”. RIPESS n’appartient actuellement à aucun de ces groupes et prévoit de le faire. Cela augmentera nettement sa capacité de contribuer collectivement de manière cohérente au processus des ODD. Urgenci a participé aux échanges du Cluster Agroalimentaire, mais pas au Major group sur l’agriculture, cet espace étant considéré comme trop cloisonné par les mouvements sociaux depuis quelques années (profondément monopolisé par les intérêts des corporations agroalimentaires). Emily Mattheisen de FIAN a recémment offert son aide pour coordonner les contributions au sein du Cluster, ce qui constituera une amélioration positive.

Le deuxième l’espace est sans doute le plus intéressant auquel participer est celui des Réunions de Groupe d’Experts (EGM en anglais: Expert Group Meeting) qui ont lieu environ deux mois avant le FPHN. C’est lors de ces séances que les ODD spécifiques sont examinés pour que les commentaires soient intégrés à la Déclaration Ministérielle du FPHN. En 2017, nous avons eu l’occasion de participer à deux réunions, et ce fut une expérience très fructueuse. Néanmoins, au moment où la réunion sur l’ODD 12 (Consommation et production responsables) a eu lieu en mai, il ne nous a pas été possible de nous rendre à New York. Il aurait été possible de participer dans une moindre mesure aux réunions quotidiennes des “Major groupes”, cependant, l’horaire très matinale de ces séances était vraiment trop difficile à suivre étant donné le programme très chargé de la semaine.

En ce qui concerne le FPHN, le premier ODD à l’étude cette année était l’ODD 11 sur les villes. La Plateforme Mondiale pour le Droit à la Ville y était présent en grand nombre. Ce mouvement est essentiel pour le RIPESS. Nous avons rejoint la plateforme en 2015. Nous les avons soutenus tout au long de la semaine où nous étions présents à New York, notamment lors des sessions officielles, des événements parallèles et à leur stand. L’un des événements les plus importants et les plus novateurs a été une séance officielle le 17 juillet avec les maires de plusieurs villes clés. L’événement parallèle qui s’est déroulé à l’extérieur des Nations Unies dans le jardin collectif dans le Bronx a vraiment été une agréable expérience. La rapporteuse spéciale des Nations Unies sur le droit au logement est l’une des jeunes femmes les plus dynamiques que j’ai jamais rencontrées et ses interventions ont été un plaisir à écouter.

L’ODD 12 sur la consommation et la production responsables était le deuxième Objectif de Développement Durable à examiner. C’est un ODD clé pour le RIPESS et Urgenci, étant donné que L’ESS est centrée sur ces mêmes principes. Cela aurait été le moment idéal pour exposer notre point de vue sur l’économie solidaire ainsi que sur les pertes et gaspillage alimentaire (ODD 12.3). Nous avons tenté d’apporter des éléments pour cette session mais en vain. De plus, l’intervention des ONG sur ce sujet était largement en faveur du secteur privé et peu utile à nos objectifs. C’est clairement décevant car Urgenci avait été chargé de la modération du groupe de travail de la société civile au sein du Comité de Sécurité Alimentaire et de la Nutrition en 2014, où nuos avons réussi à négocier un excellent document politique que nous aurions pu utiliser dans une contribution à New York.

Le troisième ODD pertinent qui a été examiné fût l’ODD 15, sur la biodiversité. Une fois encore, à la fois pour l’ESS et le mouvement de souveraineté alimentaire, il s’agit d’un ODD clé, où nous aurions pu apporter une réelle contribution plutôt que de laisser la porte ouverte à des interventions peu pertinentes. Au lieu de promouvoir des aliments transformés et enrichis produits par l’industrie agroalimentaire, il est essentiel de préserver l’agro-biodiversité pour assurer l’alimentation et la nutrition des peuples.

Nous avons également assisté à une journée du Processus d’Examen Volontaire National (en anglais: National Voluntary Review process). L’analyse lettone était peut-être la plus franche et la plus convaincante. Celle du Mali, réalisée collectivement, était quelquefois en contradiction avec certains faits que nous connaissons du terrain grâce à nos réseaux de souveraineté alimentaire et d’ESS. Il y a toujours une réalité, positive et encore très peu documentée et par conséquent invisible, que l’ESS doit mieux décrire et promouvoir.

 

En conclusion, notre participation à cet événement a renforcé notre conviction déjà exprimée en 2017, selon laquelle nous devons participer activement aux sessions préparatoires du printemps  pour avoir un réel impact sur ce processus. Ceci est essentiel si nous voulons porter et faire passer les intérêts de l’économie solidaire et la souveraineté alimentaire lors des sessions plénières du HLPF.

Cependant, pour terminer sur une note positive, nous avons participé à plusieurs événements parallèles à l’intérieur et à l’extérieur de l’ONU, et renforcé nos alliances avec divers réseaux.

Judith Hitchman, Présidente de Urgenci International Community Supported Agriculture Network