Le RIPESS a eu la grande opportunité de participer à la réunion préparatoire du Forum mondial de Nyéléni à Rome les 10 et 11 juin 2023. L’objectif de cette réunion était d’inclure dans le processus de souveraineté alimentaire et de structurer des mouvements sociaux proches du concept et des valeurs de la souveraineté alimentaire/agroécologie avec des origines et des trajectoires différentes. La réunion était une recherche participative entre l’alliance existante et les nouveaux membres potentiels, les sympathisants et les organisations secondaires. 

Les mouvements qui nourrissent et prennent soin du processus de Nyeleni sont Via Campesina, Urgenci, Habitat International Coalition, World Forum of Fisher Peoples ; elles/ils ont rencontré des représentant.e.s de Amis de la Terre International, TNI – Transnational Institute, FIAN International, People’s Health Movement, ETC Group et RIPESS. Cette réunion a été une étape importante pour le processus de Nyeleni, car elle a marqué une ouverture et une inclusivité pour la lutte et la cause globale. Souvent, la phrase qui revenait sur toutes les lèvres était « une lutte, plusieurs voix« . Ces voix venues du monde entier ont été invitées à discuter de la question la plus importante de la réunion : comment voyons-nous notre contribution au processus de Nyeleni et au mouvement pour la souveraineté alimentaire?

Suite à cette réunion, le RIPESS a été invité à participer en tant que membre permanent au comité de pilotage de ce processus. 

Dražen Šimleša, représentant du RIPESS dans ce comité, l’un des coordinateurs européens, ainsi qu’une partie du Réseau vert croate des groupes d’activistes (ZMAG) ; une association qui rassemble des jardinier.e.s biologiques, des praticien.ne.s des technologies applicables et de l’éco-construction, des concepteurs/trices de permaculture, des chercheurs/chercheusses de modèles sociaux équitables d’organisation et de relations interpersonnelles égalitaires, et des activistes environnementaux; nous parle de ce processus.

Dražen a représenté le RIPESS en juin 2023 dernier à Rome, avec la coordinatrice intercontinentale Judith Hitchman, et apporte en permanence à ce conglomérat les intersections entre l’économie sociale et solidaire, l’agroécologie et la souveraineté alimentaire.

Quels sont, selon toi, les liens entre ces deux alternatives systémiques ?

Le Réseau intercontinental pour la promotion de l’économie sociale et solidaire (RIPESS Int.) ne peut concevoir une économie sociale et solidaire (ESS) réelle et vivante sans la Souveraineté alimentaire et vice versa : nos bases sont indissociables et se soutiennent mutuellement. Nous partons du constat que les polycrises actuelles trouvent leur origine dans les règles et la conception du système économique actuel. C’est pourquoi nous soutenons les potentiels de transformation dans la lutte globale pour un monde meilleur. 

La lutte mondiale pour un monde meilleur. Le domaine où ce système économique et politique obsédé par une croissance destructrice est le plus visible est notre secteur alimentaire. Nous pouvons le voir à partir de la position des petits agriculteurs et des femmes dans les zones rurales ; sur la situation des sols et de la biodiversité, jusqu’à la santé publique et la monopolisation du secteur alimentaire. C’est pourquoi le travail sur la souveraineté alimentaire et l’agroécologie est important pour une économie sociale et solidaire. Nous considérons nos mouvements comme des ruisseaux d’une même rivière, comme des parties d’un même écosystème.

Quels sont les défis que notre réseau devra relever pour faire avancer ce travail ?

Nous continuerons à travailler sur la solidarité au sein des réseaux et des sociétés et sur la transformation nécessaire de l’économie capitaliste néolibérale qui met en danger la planète, les petits producteurs d’aliments, les femmes, les minorités et tous les autres groupes qui ne sont pas guidés par l’agenda du profit avant tout. Le RIPESS peut également fournir un soutien au renforcement des capacités et des connaissances avec des activités éducatives et des formations sur l’ESS et les SF.

Quelles opportunités penses-tu que Nyéléni apporte ?

Au sein de la circonscription de l’ESS, nous travaillons déjà sur de nombreux points de croisement et domaines qui se chevauchent. Nos membres sont actifs dans la promotion et la mise en œuvre de systèmes alimentaires territoriaux, de fermes collectives/magasins agricoles (petites coopératives locales), de production et de transformation alimentaires collectives/partagées, de marchés publics territoriaux, de préservation des biens communs (terre, eau, semences, etc.), de solidarité producteurs/consommateurs avec partage des risques et des bénéfices, et d’amélioration de la santé en général. Dans ces domaines, entre autres, nous pouvons voir le lien entre l’ESS et l’ES. Notre contribution peut être perçue en mettant en évidence les programmes, projets et activités étroitement liés mentionnés ci-dessus.

Quels sont les principaux objectifs du RIPESS au sein du comité ?

Le RIPESS participe au Comité de pilotage de Nyeleni avec d’autres mouvements : travailleurs/syndicats, environnementalistes, agents de santé, femmes, petits pêcheurs, etc. La composition du Comité de pilotage indique clairement qu’il aura un rôle politique, de sorte qu’il soutiendra la souveraineté alimentaire et les petits agriculteurs à partir des courants de chaque mouvement progressiste. Pour le RIPESS, c’est une position naturelle, car nous travaillons déjà sur le lien entre l’ESS et la souveraineté alimentaire, puisque beaucoup de nos membres sont actifs dans ce domaine qui se recoupe. Pour nous, il est important de maintenir en vie et de renforcer la connectivité entre les petits agriculteurs locaux et les citoyens actifs, les consommateurs solidaires, car sans ce pont, les deux mondes seront perdants. Ce seraient donc nos premiers objectifs en tenant compte du but principal de cette alliance, qui est que nous travaillions tous ensemble au sein du comité directeur.