En cette fin d’année 2020, nous désirons partager avec vous l’intervention faite au nom du RIPESS à une rencontre organisée par la France à l’occasion du Forum Politique de Haut Niveau de l’ONU 2020 qui évalue les progrès de mise en œuvre des ODD 2030. Considérant la pandémie, nous avons insisté sur le fait que l’ESS est encore plus important comme stratégie afin d’atteindre les ODD 2030. Déjà en 2019, le Forum évaluait qu’au rythme actuel, les Objectifs ne seraient pas atteints. C’est ainsi que dans notre intervention intitulée, Pourquoi les Nations Unies ont-elles besoin de l’économie sociale et solidaire afin de réaliser les Objectifs de développement durable 2030 ?, nous avons réitéré avec force sur cette nécessité.

Six mois plus tard, nous devons nous rendre à l’évidence que les effets de la pandémie rendent encore plus impératifs l’inclusion de l’ESS dans toutes les approches, du local au global.

En 2021, nous allons faire tout ce qui est en notre mesure afin de contribuer les démarches en cours afin de l’ONU adopte une résolution reconnaissant  l’importance de l’ESS afin de répondre aux crises immédiates, mais également objectifs plus globaux de construire un monde libre de pauvreté  et en arriver à un monde où tous les droits humains fondamentaux soient pleinement satisfaits, y incluant maintenir un écosystème naturel pour les générations futures.

Yvon Poirier pour le RIPESS

Texte de l’intervention du RIPESS lors du Side-Event français au High Level Political Forum – HLPF, le 15 juillet 2020. 

Pourquoi les Nations Unies ont-elles besoin de l’économie sociale et solidaire afin de réaliser les Objectifs de développement durable 2030 ?

Le Réseau intercontinental pour la promotion de l’économie sociale solidaire (le RIPESS) et de nombreuses organisations sœurs, demandent instamment, en ces temps de crise, une action immédiate.

Nous sommes ici pour proposer et promouvoir une approche qui réponde à la question clé du Forum Politique de Haut Niveau de cette année, une Action accélérée et des solutions transformatrices, une décennie d’action et des résultats pour le développement durable.

Ce thème est la suite du Forum de l’an dernier qui a reconnu que le monde n’était pas en voie de réaliser les ODD de 2030.

COVID-19 a aggravé la situation et les défis pour la prochaine décennie sont encore plus importants.

Il est donc d’autant plus impératif que les pays du monde intègrent pleinement les solutions transformatrices existantes qui ont été négligées ou ignorées par les paradigmes de développement du statu quo. Dans le cas contraire, nous continuerons à assister à une augmentation des inégalités, à une concentration de la richesse dans des proportions indécentes, à l’absence ou un accès inadéquat à une éducation, une santé et une protection sociale de qualité, à l’extrême pauvreté de centaines de millions de personnes, à l’exclusion des femmes et des jeunes d’une vie prospère, etc. Et bien sûr, les changements climatiques se poursuivront.

Cette approche, qui remonte au XIX siècle, a connu un fort renouvellement au cours des dernières décennies. Des organisations de l’ESS, ont vu le jour dans le monde entier, en grande partie grâce à ceux et celles qui ont été laissés pour compte par la mondialisation actuelle. Les gens ont créé ces organisations afin de répondre à leurs besoins fondamentaux, qu’il s’agisse d’alimentation, de logement ou d’activités génératrices de revenus. Le plus souvent, ces organisations sont au cœur des systèmes économiques locaux et ont des impacts moins intensifs en carbone, voire neutres dans bien des cas.

L’approche de l’ESS s’est développée à pas de géant dans de nombreux pays. Dans certains pays, ce secteur représente de 7 à 10 % de l’ensemble des emplois. Plus de 20 pays ont adopté une législation ou des politiques favorables à l’ESS.

Nous devons dire que nous ne sommes pas surpris par la conclusion de l’année dernière selon laquelle le monde n’est pas sur la bonne voie pour atteindre les ODD. Tout comme les objectifs de développement du millénaire n’avaient pas été pleinement atteints.

Les dernières décennies ont vu de nombreuses innovations avec des intentions louables telles que la RSE, le micro-crédit, le financement d’impact, les PPP, et bien d’autres. Cependant, ces innovations n’ont pas eu d’impact significatif concernant les inégalités, l’autonomisation des femmes, l’amélioration des conditions de vie, les changements climatiques, etc.

L’ESS existe déjà et a fait ses preuves. Le Groupe interinstitutions des Nations unies sur l’ESS a publié des documents qui le démontrent bien.

La solidarité et la coopération, traits humains fondamentaux, sont au cœur de ses activités. Elles expliquent également pourquoi ces organisations sont résilientes, ce qui a été le cas lors de la crise financière de 2008-2009, et de plus en plus de preuves d’une résilience similaire lors de la présente crise.

Le monde compte toujours plus de 2 milliards de personnes qui travaillent dans l’économie informelle. Une majorité d’entre elles sont des femmes.  Leur situation s’est aggravée ces derniers mois.

Afin de répondre à tous ces défis, les populations sont prêtes et veulent organiser des activités économiques, mais elles ont besoin de politiques publiques favorables, d’accès au capital, d’accès aux marchés, des mécanismes de soutien appropriés, des mesures qui hélas sont souvent réservées aux entreprises classiques.

Dans son appel de mars dernier, le secrétaire général Guterres propose que le monde doive mieux se redresser, avec une approche plus inclusive. plus durable, plus égalitaire et plus neutre en carbone – plutôt que la « vieille normalité ».

L’ESS est en mesure de contribuer à la mise en œuvre de cet appel.

Pour réaliser pleinement son potentiel, l’Assemblée générale des Nations Unies doit adopter une résolution sur l’ESS afin de réaliser les ODD du local au mondial.

Nous avons la ferme conviction que l’humanité vaincra les inégalités et la pauvreté, mettra en place l’autonomisation des femmes et la protection sociale universelle à travers à l’ESS, et pas autrement.