Du 16 au 18 septembre, la ville de Lima a accueilli le 15e Sommet international du commerce équitable, organisé par l’Organisation mondiale du commerce équitable (WFTO). RIPESS et WFTO ont organisé un atelier sur l’ESS et le commerce équitable.

Écrit par Alfonso Cotera, Secrétaire Technique du RIPESS LAC.

Du 16 au 18 septembre, la ville de Lima a accueilli le 15e Sommet international du commerce équitable, organisé par l’Organisation mondiale du commerce équitable (WFTO). Dans leur préparation, les directeurs de WFTO (Erinch Sahan) et du RIPESS Intercontinental (Jason Nardi) ont coordonné l’organisation d’un atelier sur l’économie solidaire et le commerce équitable, dans le but de partager les réflexions sur les liens existants entre les deux mouvements, en relation avec des approches, stratégies et actions communes.

L’atelier s’est tenu le 18 septembre en présence de délégués d’Amérique latine, d’Afrique, d’Asie et d’Europe, qui ont débattu sur deux sujets : le premier, l’approche et les stratégies développées avec ce lien entre l’économie solidaire et le commerce équitable en Amérique latine et dans les Caraïbes, et le second, la discussion sur les possibilités de coopération conjointe entre les deux mouvements.

Dans la première partie, comme Secrétaire Technique du RIPESS LAC, Alfonso Cotera a présenté l’ESS comme un courant de pensée et d’action qui cherche à orienter l’activité économique vers le service aux personnes et en harmonie avec la nature. Cette pratique est appliquée depuis des temps immémoriaux dans les communautés, puis dans les coopératives et les associations diverses, dans une logique de prise en charge des besoins et pas seulement d’accumulation des profits. Dans cette perspective, l’ESS intègre le mouvement du commerce équitable comme l’une des stratégies qui vise la justice et la solidarité dans les échanges économiques, ainsi que d’autres stratégies liées à la finance solidaire, au tourisme responsable, à la production écologique et durable, au développement économique durable, etc.

Il a aussi expliqué les articulations de ces expériences dans divers réseaux, dans lesquels les organisations de commerce équitable ont été intégrées à diverses organisations d’économie solidaire, en soulignant l’émergence du RIPESS (Lima 1997), de la Table de coordination latino-américaine du commerce équitable (Lima 2004) et du RIPESS LAC (Cochabamba 2005). Ainsi que dans la promotion du commerce équitable Sud-Sud et Nord-Nord, comme alternatives pour développer des marchés locaux avec les principes de solidarité, de justice et de démocratie économique.

Ensuite, Alicia Canaviri, présidente du Mouvement bolivien pour l’économie solidaire et le commerce équitable, a présenté l’expérience bolivienne d’articulation des deux mouvements depuis la rencontre de Cochabamba où le RIPESS LAC a été créé (2005). Elle a expliqué sa longue lutte pour la reconnaissance du travail communautaire et de la cosmovision andine comme acteurs dans le développement du Bien Vivre, reconnu dans la constitution politique de la Bolivie. Elle a mentionné les avancées et les difficultés dans l’action d’incidence politique pour qu’une norme explicite pour le commerce équitable et l’économie solidaire soit reconnue, en affirmant la nécessité d’intégrer les expériences du commerce équitable dans une approche d’économie solidaire et proposant la nécessité de créer une certification du commerce équitable local.

Fernando Alvarado, président du Consortium agroécologique du Pérou, et Silvia Wu Guin, responsable du réseau péruvien des biomarchés, tous deux membres du Réseau péruvien du commerce équitable et de la consommation éthique, sont intervenus à continuation. Fernando a présenté une analyse du contexte du marché alimentaire mondial, dont 10% sont des aliments biologiques et dont la demande augmente. Il a dénoncé qu’au Pérou, deux millions de personnes souffrent de la faim et 13% des enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition chronique. Il a également souligné l’importance de l’agriculture familiale au Pérou, en particulier la production biologique (93 000 producteurs avec 550 000 hectares certifiés), ainsi que l’augmentation des foires et points de vente biologiques (150).

Sur cette base, Silvia a présenté les Biomarchés du Pérou comme un réseau qui cherche à ce que les consommateurs aient accès à des produits sains garantis et que les bioproducteurs soient valorisés et aient des revenus stables. Elle a aussi exprimé l’importance d’avoir des gouvernements locaux alliés pour mettre en œuvre des politiques de développement citoyen et de santé publique. Le réseau permet le partage d’expériences et la mise en place d’un système de certification et d’assurance participative. Elle a fait un bref rappel des principales foires et des contributions à la construction d’une société solidaire, synthétisée dans la phrase  » il faut contribuer au développement d’un TISSU SOCIAL tissé dans la solidarité et la fraternité « .

Dans la deuxième partie, Sergi Corbalan, responsable du plaidoyer de la WFTO, a encouragé le dialogue entre les participants, signalant qu’en Europe il y avait eu des progrès dans les relations RIPESS-WFTO, avec une meilleure connaissance mutuelle, un système de garanties, des actions d’incidence politique et des propositions dans la campagne politique. Après avoir reçu plusieurs interventions, plusieurs conclusions ont été adoptées qui ouvrent la voie à un programme de travail conjoint :

  1. Poursuivre le travail conjoint entre le RIPESS et la WFTO afin de créer des synergies et d’identifier les questions d’intérêt commun, aux niveaux local, régional et international.
  2. Coordonner, dans la mesure du possible, le travail de plaidoyer auprès des institutions multilatérales, régionales et nationales.
  3. Partager l’information et les actions de plaidoyer possibles dans des espaces et/ou plateformes co-gérés, tels que le processus GSEF (Mexique 2020) et le FSMET (Barcelone 2020).