Par Elise Pierrette Memong Meno, membre du CA du RIPESS en représentation du RAESS

Le Congrès International sur la Coopération et la Citoyenneté mondiale organisé à l’initiative de la Campagne pour un Curriculum Mondial de l’Economie Sociale et Solidaire, en partenariat avec le RIPESS, s’est tenu du 9 au 11 décembre 2018  à Kibera, au Kenya. Y ont pris part de manière présentielle, une cinquantaine de jeunes venus de Tanzanie, Uganda, Rwanda et  Kenya, ainsi que des personnes ressources et des experts du , et d’autres participants d’Europe qui ont participé par téléconférence. Les participants ont eu droit également à six présentations par vidéo donc deux du RIPESS.

Il est aussi important de souligner tout le travail réalisé par l’organisation pour assurer la participation à travers Whatsapp pour toutes les personnes qui n’ont pu être physiquement à Kibera. Ainsi, le congrès a pu se bénéficier du retour de différentes personnes qui suivait l’événement à travers des directs sur Facebook et par Whatsapp grâce aux volontaires qui on fait le suivi et traduction en trois langues pendant les trois jours. Ça a été le cas notamment de  la jeunesse africaine car les jeunes membres du RAESS ont pris part aux échanges (Cameroun, Mali, Togo, Sénégal, Côte d’Ivoire) à travers les réseaux sociaux.

L’emploi des jeunes en Afrique est un problème qui continue de s’étendre et l’ESS est une opportunité

En tant que représentante du RAESS Afrique et du RIPESS Intercontinental (en tant que membre du Conseil d’Administration), j’avais comme mission, au-delà de nourrir d’expériences concrètes l’alliance établie entre la Campagne pour un Curriculum  Mondial de l’Economie Sociale et Solidaire et le RIPESS, de (i) Rallier les pays anglophones au RAESS pour que l’ESS soit adressé en Afrique avec toutes ses sensibilités (travail de sensibilisation qui se fera également avec les pays lusophones) ; (ii) Renforcer la dynamique des jeunes du RAESS et (iii) Intéresser les jeunes africains à faire entendre leur voix au FSM TS.

Ces trois jours ont été organisés autour de cinq axes thématiques : la Culture de la paix et des sports pour la paix »; « l’éducation pour les économies coopératives de solidarité »; « L’éducation pour la durabilité et l’autonomisation des femmes « ;  » Jeunesse pour une éducation mondiale de transformation démocratique « ; et  » Territoires, écoles « .

Je me suis chargé d’animer l’atelier sur l’éducation pour les économies coopératives solidaires. L’emploi des jeunes en Afrique est un problème qui continue de s’étendre, avec un nombre élevé de jeunes filles et garçons exposés au chômage ou cantonnés dans des emplois précaires, temporaires ou de mauvaise qualité. L’Économie Sociale et Solidaire (ESS) est une opportunité car elle donne à toutes ces catégories de jeunes la possibilité de créer des entreprises collectives en tenant compte de leurs talents. Ils/elles ont ainsi la capacité de créer des emplois pour eux-mêmes, mais également de recruter d’autres jeunes qui apprécient mieux la solidarité et la simplicité dans les rapports humains et professionnels qu’on retrouve dans les entreprises de l’ESS.

 

Kibera a été révélateur pour les jeunes de l’Afrique de l’Est qui pour la plupart pratiquent de l’ESS sans le savoir. Leurs échanges ont permis d’identifier de nombreuses pratiques qu’il serait bon de vulgariser. Il y a de nombreux réseaux et mouvements qui rassemblent de nombreux jeunes autours de diverses activités économiques basées sur la mutualisation et respectant les valeurs de justice, de solidarité et de transparence…

Cette rencontre a suscité chez ces jeunes un désir profond de mieux comprendre l’ESS. La Campagne sur le Curriculum global sur l’éducation et la formation les intéresse de même que toute autre formation qui les mettrait à niveau dans ce sens.

Pour ce qui est des participants des réseaux de jeunes du RAESS, en particulier du Mali et du Cameroun, ils sont intervenus pour porter la voix de la jeunesse et des défis auxquels ils font face. Ainsi, par exemple, depuis le Cameroun ils ont affirmé que “la problématique qui se pose est celle de savoir comment mutualiser nos expériences, nos efforts pour redorer le blason de nos actions. Comment ferions-nous pour triompher l’ESS ? Quels sont les outils que nous disposons et ceux dont on doit encore disposer ?”.

De leur côté, les jeunes du Mali ont mis l’accent sur le role du Renapess où la jeunesse occupe une place prépondérante et de ses activités centrées sur la promotion de l’économie sociale et solidaire tels que des séminaires de formation à l’entrepreneuriat jeunes en milieu scolaire et universitaire ou des séances de formation en montage de projets.

La Charte souligne que les jeunes doivent pouvoir participer dans le procès de prise de décisions de politiques publiques

Comme autre résultat, trois des quatre pays présents se sont déjà engagés dans la démarche pour rejoindre le RAESS, il s’agit du Kenya, de la Tanzanie et de l’Uganda. C’est avec eux que le RAESS sera au rendez-vous de Barcelone 2019-2020.

Le Congrès s’est terminé avec la Charte de Kibera qui a été débattue ligne par ligne par de jeunes militants critiques dans un dialogue stimulant et a été approuvée et lue et en séance plénière. Ce document a une liste de huit recommandations avec l’objectif de faire entendre la voix de l’Afrique au prochain FSM ET 2020 à Barcelone. Entre d’autres, la charte demande le renforcement des réseaux de jeunes en Afrique et que tous les pays du continent rejoigne RAESS. Aussi, elle souligne que les jeunes doivent pouvoir participer dans le procès de prise de décisions de politiques publiques et elle encourage la participation des femmes et des jeunes dans les initiatives d’économie solidaire.

Outre l’approbation de la Charte, 5 plans d’action ont été élaborés, impliquant différentes organisations. L’un d’entre eux, dirigé par Pierrette, Rosemary Olive Mbone Enie et Robert Ougandais, a pour objectif de renforcer et d’amplifier RAESS Afrique.

Les résultats du Congrès Kibera 2018 de la Campagne pour un Curriculum Mondial de l’Économie Sociale et Solidaire vont dépasser les frontières de l’expérience vécue d’une manière particulière pour relier les points de l’histoire humaine dans le développement d’un monde plus juste, d’un monde sans souffrance, d’un monde de solidarité. Merci à tous et à toutes.