
Depuis l’Altiplano et la région de colonisation de l’Alto Beni en Bolivie, Ana María Condori Fernández, femme aymara, arrive au Forum de Nyéléni avec une histoire marquée par la résistance, l’organisation et l’espérance.
Son chemin a commencé dès l’enfance, en gardant le bétail et en travaillant la terre dans des conditions de pauvreté extrême. Plus tard, comme travailleuse domestique à La Paz, elle a subi exploitation et discriminations — une expérience qui l’a poussée à organiser d’autres jeunes femmes pour revendiquer leurs droits et leur dignité. Dans les zones de colonisation de l’Alto Beni, elle a ensuite impulsé l’organisation des femmes paysannes et autochtones en coopératives, donnant naissance à la Centrale Agro-industrielle El Ceibo, pionnière du commerce équitable et de la production de cacao biologique.
Aujourd’hui, en tant que dirigeante du Mouvement d’Économie Sociale Solidaire Communautaire et de Commerce Équitable de Bolivie (MESyCJB), Ana María œuvre pour renforcer les économies paysannes et autochtones en promouvant la production agroécologique, la récupération de semences natives, la commercialisation équitable et solidaire, ainsi que la défense des territoires. Le Mouvement organise des foires locales et des circuits courts, encourage la participation active des femmes et des jeunes, et développe des formations en leadership communautaire, équité de genre et gestion durable des biens communs. Il articule également des réseaux avec des organisations internationales et des plateformes régionales, en plaidant pour des politiques publiques qui garantissent le droit à l’alimentation et la protection de la Pachamama.
Dans sa valise pour Nyéléni, elle apporte des semences natives, des produits locaux et artisanaux, et surtout, les apprentissages de décennies de luttes collectives : la souveraineté alimentaire ne s’impose pas, elle germe des besoins et des espérances des peuples.


