Les 18 et 19 de abril s’est déroulé à San José au Costa Rica le Forum Mésoamérique et caraïbes « Finances solidaires: instrument pour le développement » , qui a réunit 300 personnes venant des secteurs associatifs, académiques et publiques d’Amérique et d’Europe.

Les objectifs du forum allaient de l’analyse des politiques publiques et de la législation inclusive en matière économique et financière jusqu’au partage d’expériences d’innovations financières qui permettent une plus grande accessibilité aux ressources financières et aux modes de soutien à l’investissement.

Cet événement a été co-organisé par la Première Dame du Costa Rica qui représente le pays au sein du Groupe pilote international de l’Economie Sociale et Solidaire (GPIESS), le Ministère de l’Economie, de l’Industrie et du Commerce, le ministère de la Sécurité sociale et du travail avec le vice-ministère Economie sociale et Solidaire qui lui est rattachée, la Chambre nationale de l’Economie sociale et Solidaire et l’Université du Costa Rica. Ils ont cofinancé l’évènement en sollicitant des fonds de la banque publique nationale, des organisations financières de l’ESS et de la Banque centraméricaine d’intégration économique.

Au cours du forum ont été partagées des expériences en matière de réglementation financière spécialisée et d’organismes de soutien aux organisations de l’ESS venant des institutions équatoriennes et colombiennes, des expériences d’innovations financières de Banca Ética en Italie, de La NEF en France, de FINSA de République dominicaine, de fonds solidaires du Mexique ainsi que de différents acteurs du Costa Rica. Ont également participé des initiatives fédératrices des acteurs financiers et de l’ESS au niveau national et régional comme la Redcom-red Camif, INAISE et le  Groupe pilote international de l’Economie Sociale et Solidaire représenté par ESS-FI.

Le gouvernement du Costa Rica s’est engagé dans la promotion de l’économie sociale et solidaire et la finance solidaire, considérant ces initiatives comme des pratiques qui permettent de revitaliser l’économie, de diminuer les disparités socio-économiques et le chômage. De ce fait, il reconnaît l’importance de faire évoluer les politiques publiques nationales, mais aussi d’influencer les acteurs régionaux et extra régionaux pour créer des contextes permettant le développement de ces pratiques et de leur impact sur le développement durable des pays. Ce forum contribue ainsi aux avancements du Groupe de travail GPIESS sur les finances de l’ESS.

Pour l’Université du Costa Rica, l’engagement du Programme de développement de l’économie sociale et solidaire est d’accompagner les processus de réflexion et de construction de propositions à partir du dialogue intersectoriel pour favoriser la création de mécanismes d’inclusion financière dans les secteurs publics et privés. Elle vise ainsi à promouvoir l’impact que les partenariats démocratiques ont sur le développement équitable et la formation d’un tissu social productif dans les territoires.

La déclaration résultant de cet événement exprime notre engagement à « signaler aux autorités politiques de nos pays la nécessité de créer, grâce aux institutions publiques, un environnement propice à l’émergence, la consolidation et le développement des entreprises de l’économie sociale et solidaire, en raison de leurs nombreux effets positifs pour la réalisation des objectifs de développement durable ».

La déclaration soulève également l’« Influence des banques centrales et des organismes chargés de la surveillance du secteur financier auprès des autorités, ceci dans le but de formuler et mettre en œuvre des systèmes de surveillance spécialisée qui, sans mettre en péril les bonnes pratiques de l’administration financière, permettent d’accroître l’inclusion financière des populations, des secteurs productifs et des régions encore ignorés par le secteur financier courant ».

Pour  le secteur financier publique et les organisations de l’ESS,  il s’agit d’exprimer la volonté de développer « les innovations financières visant à créer une solidarité entre ceux qui ont des passifs financiers et ceux qui ont besoin des actifs financiers; de promouvoir la création de fonds solidaires publics et privés pour le développement de l’équité et de la solidarité, afin d’attirer et de gérer des ressources pour le développement de notre région; de faire en sorte que les fonds de capital-risque, les sociétés de garantie mutuelle, les sociétés de microcrédit puissent, tout en respectant les conditions de base de viabilité financière, donner des crédits à des initiatives ou des projets qui ne disposent pas des garanties nécessaires aux yeux du système banquier actuel ».

Enfin, il est mis en évidence le besoin de (….) définir une stratégie d’éducation financière et de promotion d’une culture éthique de la finance (…) afin que les individus intériorisent les bonnes pratiques pour la gestion de leurs finances personnelles, familiales et de leurs entreprises, et ainsi agir comme des consommateurs compétents et informés des services financiers. En complément, l’éducation financière doit s’étendre au monde académique pour développer les études, formations, analyses et recherches sur les bonnes pratiques de la finance éthique et solidaire.

Pour les différents acteurs co-organisateurs, ce forum est considéré à la fois au niveau national et au niveau international comme une étape importante pour coordonner les efforts et les engagements pour le développement de l’Economie Sociale et Solidaire et des finances solidaires. Il demeure néanmoins qu’il incombe encore aux réseaux d’acteurs de développer des tâches spécifiques pour continuer à influencer notre région sur ces questions.

 

Yasy Morales Chacón

Coordinatrice du programme de développement de l’Economie Sociale et Solidaire. Université Costa Rica