La finance éthique est très différente de la finance spéculative ; c’est pour cette raison qu’elle permet de conserver et d’augmenter la valeur économique de l’épargne dans le temps et d’ajouter à la dernière ligne du relevé de compte une série d’autres valeurs, comme le respect de l’environnement, la lutte contre le changement climatique, le droit au logement, l’inclusion des personnes et des organisations traditionnellement exclues des circuits financiers habituels.

C’est ce qui émerge de la première recherche sur la finance éthique et durable en Europe – réalisée par la Fondation Finanza Etica – et présentée le 28 novembre à Montecitorio dans le cadre d’un séminaire que nous avons organisé conjointement avec des associés de référence, un an après l’approbation de la première loi qui reconnaît la valeur de la finance éthique et durable.

Le premier rapport européen sur la finance éthique

La somme des activités de la finance éthique et durable en Europe décrites dans le rapport équivaut à 715 milliards d’euros : près de 5 % du produit intérieur brut total de l’Union européenne (au moment de faire la somme des données, les chercheurs ont serré très fortement les mailles de manière à ne pas inclure les produits financiers ou de crédit qui se définissent « éthiques » mais sont dilués dans le marketing (en effet, même l’éthique peut être un argument de vente).

Voici comment se répartissent ces 715 milliards :

  • 39,80 milliards représentent les actifs des près de 30 banques éthiques et durables européennes, qui fin 2016 ont concédé des crédits pour un total de 29,33 milliards d’euros à des dizaines de milliers de projets pour l’inclusion sociale, la protection de l’environnement, la culture et la coopération internationale. C’est de ces banques que parle la première partie de la recherche, dans laquelle est présentée également une comparaison inédite entre leur rentabilité et celles des grandes banques commerciales européennes. Le résultat est une victoire sur toute la ligne pour les banques éthiques. En particulier, la recherche s’attarde sur le rapport prêts/actifs des banques (données 2016), elle met en évidence un taux de 73,42 % pour les banques durables contre 38,53 % pour les soi-disant banques systémiques ou « too big to fail ». C’est là une différence énorme, dans la pratique, les banques éthiques et durables octroient le double des prêts pour les mêmes actifs, comparativement à celles de plus grandes dimensions. Il se confirme que les banques éthiques sont plus solides et plus résilientes : au cours des 10 dernières années, leurs rendements ont été constants.
  • 493 milliards ont été par ailleurs investis dans des fonds socialement responsables et donc dans des actions et obligations d’entreprises cotées en bourse ou en titres d’Etats, tous sélectionnés sur la base d’une série de critères de durabilité : Pas d’armes, ni de jeu de hasard, pétrole, charbon ou tabac. Voie libre, par contre, pour les sociétés et les Etats ‘les meilleurs de la classe » : qui investissent dans les énergies renouvelables, adoptent des systèmes de gestion environnementale certifiés et ne sont pas engagés dans un type de controverse importante . C’est de ces fonds que traite la deuxième partie du rapport, avec une attention particulière aux définitions qui sont extrêmement importantes pour réussir à distinguer des investissements réellement responsables de ceux qui, au contraire, veulent seulement peindre de vert des produits financiers normaux pour attirer de nouveaux « segments de clientèle ».
  • 5,54 milliards d’euros constituent le montant des microcrédits octroyés en Europe. Un chiffre peu important par rapport aux crédits des banques éthiques et aux investissements des fonds socialement responsables mais qui représente la somme de centaines de milliers de petits emprunts qui font la différence . Le microcrédit, rendu célèbre par le « banquier des pauvres », le Bengali Muhammad Yunus, prix Nobel de la paix en 2006, s’est montré adéquat même pour les exigences de 750 mille Européens : des prêts de quelques milliers d’euros qui ont permis l’engagement dans des activités entrepreneuriales avec succès et pour faire face aux besoins temporaires de liquidités. Certaines personnes ont ouvert avec cet argent un atelier de couture que relie l’Italie et l’Afrique, d’autres ont démarré une start-up devenue millionnaire et d’autres, plus modestement, ont remboursé des frais médicaux pour aider un parent proche. Des femmes et des hommes qui n’auraient jamais réussi à obtenir un financement d’une banque traditionnelle car considérés comme « non solvables » : des chômeurs ou n’ayant qu’un travail précaire ou peu rémunéré, ou encore des jeunes avec des idées innovantes mais sans capitaux pour les réaliser.
  • Et finalement les Green bonds, par lesquels les entreprises et les administrations s’endettent sur le marché pour financer des projets environnementaux ont explosé entre 2013 et 2014 et continuent à croître depuis. En Europe, selon les données cumulées de l’année dernière, la valeur des titres verts en circulation est de 178 milliards d’euros. Marginaux mais en forte expansion, les social impact bonds financent par ailleurs des projets de welfare pour un total de 273 millions d’euros. Une des nouvelles frontières de la finance éthique et durable qui est traitée en profondeur dans la quatrième partie de la recherche, parmi beaucoup de lumières et quelques zones d’ombre.

Télécharger la recherche (en italien)

Télécharger la recherche intégrale sous la direction de: Matteo Cavallito, Emanuele Isonio, Mauro Meggiolaro.

Traduction par RIPESS EUROPE de l’article  LA FINANZA ETICA VALE IL 5% DEL PIL EUROPEO (La finance éthique équivaut à 5 % du PIB européen »), 29 novembre 2017, Banca Etica